Tu n'es plus une enfant !

Invité

Quatre tombes alignées, les fossoyeurs viennent d’y mettre la dernière pelletée de terre. Ils se reculent discrètement une fois leur tâche accomplie. La foule encore sous le choc depuis plusieurs jours attend en silence la clôture de la cérémonie, bouleversée, surtout en voyant un si petit cercueil au milieu des trois autres.

Elle portait une robe, noire une nouveauté pour elle. Elle avait toujours été coquette et ce matin elle avait trouvé cette robe noire sur une chaise au pied du lit, robe noire signe de deuil, sa mère en avait jadis porté une à la mort de sa grand-mère. Alors elle s’était souvenue, elle avait compris et elle l’avait enfilé en évoquant cet autre matin.
Maman pourquoi as-tu une robe triste ce matin ?
Et levant les yeux vers le visage de la mère elle constata qu’il n’y avait pas que la robe de triste.
- Ma chérie, mamie est morte hier, et comme je l’aimais, je mets cette robe pour montrer mon
chagrin, on appelle cela porter le deuil.

Cette robe était comme son âme triste. Elle décida alors qu’elle ne porterait plus jamais que du noir. Je vous aimais tellement qu’une journée ou un an ne suffiraient pas.

Elle est seule debout devant les tombes déjà elles sont gravées les noms de ceux qui reposeront dessous à jamais :
Caylus, Ermengarde, Jean et Marine FORENCOGNE.
En dessous des noms les dates de naissances et juste à coté la date du décès la même pour les quatre dénonçant ainsi une famille décimée.

Les amis, les voisins les notables tous sont là en retrait, la laissant seule pour un dernier hommage à ses parents, son frère et sa sœur.

Elle ne voit plus rien, ni les regards apitoyés des gens du village, ni l’air abattu des ouvriers agricoles…

Elle serre encore dans ses mains les fleurs qu’elle doit jeter dans les tombes. La cérémonie a été prévue comme cela et le grand prêtre attend.

Et elle sent toujours la présence de cet homme derrière elle. Elle refuse de faire ce dernier geste, elle retarde l’instant où elle devra jeter les fleurs, une fois qu’elle l’aura fait la cérémonie sera terminée et chacun repartira… Et par ce geste elle admettra la mort de ses parents, de son frère, de sa sœur et coupera ainsi définitivement le lien avec sa famille. Elle attendait avec l’énergie du désespoir, comme si en fait tout ceci n’était qu’un cauchemar et qu’elle allait enfin se réveiller à la maison avec ses parents, Marine et Jean.

Mais la maison, la ferme n’étaient plus que cendres encore fumantes et au fond des quatre tombes reposent les corps sans vie de sa famille.

Tout ce sang, pourquoi elle est-elle là ce matin debout vivante devant les tombes, à leur dire adieu ? Pourquoi n’était-elle pas couchée avec eux ?

La main droite s’apprête à saisir quelques tiges qui sont serrées si fort dans son autre main. Mais le geste est trop difficile. Elle le suspend et jette un regard de détresse autour d’elle, que personne ne croise. Elle voudrait fuir au fond de la forêt comme lorsqu’elle a fait une terrible colère ou qu’elle veut cacher son chagrin ! Mais aujourd’hui, elle ne le peut pas. Elle aime à se retirer solitaire dans la forêt ou parfois au grenier ou encore dans sa chambre, mais aujourd’hui elle ne le peut pas.

Il y a quelques jours encore elle jouait avec Marine et Jean au ballon.
Il y a quelques jours maman lui avait appris la recette du ragoût de licorne.
Il y a quelques jours, elle donnait à manger aux lapins et nettoyait les clapiers.
Il y a quelques jours, le ciel brillait…
Et ce matin il est gris comme son âme.

Il y a quelques jours… Inutile d’y penser, tout cela est fini.

Enfin elle fait ce que l’on attend d’elle, elle jette les fleurs sur les tombes. Une dernière prière du grand prêtre et tout le monde commence à repartir. Certains passent près de la fillette, des amis et surtout Nyave qui vient l’embrasser et qui pleure à chaudes larmes… C’est de force que ses parents doivent les séparer. Nyave crie et elle ne la plaint pas, elle comprend avec un serrement de cœur que plus jamais elle ne recevra une fessée ou qu’elle sera grondée… Nyave a de la chance, elle a encore ses parents.

Tout le monde est parti.

Une main s’abat alors sur son épaule, un peu rudement qui fait vaciller l’enfant.
« Nainventive, il faut que l’on parle. »

Invité

Ainsi il est encore là !

Cet homme, quelle ne connaît pas et qui est arrivé il y a quelques jours déjà. A peu près au moment de l’attaque de la ferme, Nainventive rejette hors de sa pensée et de toutes ses forces cet homme dont la venue a apporté tant de malheurs ; il n’y est certainement pour rien mais Nainventive déteste cette coïncidence.

Il la pousse d’une main douce mais ferme vers la porte du cimetière sans rien ajouter.

Il s’assoit sur un talus et fait signe à Nainventive de faire de même, il sort de son sac quelques victuailles qu’il lui propose. Elle refuse farouchement. Il mange en silence puis après un temps.

« Et si tu me parlais d’eux. »

Alors le flot de larmes trop longtemps retenu jaillit tel un torrent des yeux de l’enfant et l’inconnu la prend dans ses bras, il la câline, la berce un moment…

Et c’est dans une voie de sanglots que Nainventive se confie avec des hoquets de petite fille.

« Marine, c’est ma petite sœur (snif), elle aime beaucoup jouer à cache-cache avec (snif) Jean mon grand frère…Mais ils sont très énervés, je gagne toujours.
- Oui je sais, tu devines toujours où ils sont cachés !
- Oui même la fois ou Jean s’est caché (snif) dans le tas de fumier derrière l’étable, il était furieux que je l’ai trouvé si vite, alors maman l’a grondé (snif) parce qu’il s’était complètement salit et que c’est dangereux d’aller là-bas. Elle a dit que lui était assez grand mais que moi j‘étais trop petite et alors jean a baissé la tête, et il dit : Je ne pensais pas qu’elle me trouverait la-bas, et (snif) comment elle y a pensé ?

Et puis avec Maman je travaille à la maison. (snif) C’est Jean qui travaille avec papa mais moi comme je suis grande je vais aussi aider dans les champs. Papa et maman disent que (snif) qu’il faut toujours tout savoir faire dans la vie.

- Oui tes parents avaient raison.

- Et puis on va à l’école (snif) enfin Jean quand il n’a pas trop de travail avec Papa, (snif) quand c’est la récolte il ne peut pas venir, mais hiver il nous emmène avec le traîneau. Et on fait des batailles de boules de neige."

Nainventive cherche un mouchoir, son nez goutte et le hoquet se poursuit…

Jean, avant je disais qu’il m’embêtait souvent, mais en fait ce n’est pas vrai, il (snif) il voulait juste me faire des blagues. Un jour, il a voulu me faire peur avec une araignée. J’étais en train de faire la lessive des vêtements de mes poupées, j’ai eu tellement peur et puis j’ai crié, et puis (snif) et puis finalement comme il est arrivé vers moi en riant, je lui ai jeté la bassine d’eau au visage, il était tellement drôle avec ça, avec son air étonné… que Papas (snif) quand il a vu ça il ne m’a même pas grondé (snif)…

A l’évocation de ce souvenir le sourire reviendrait presque sur ses lèvres.

Nainventive a finalement trouvé un mouchoir mais il est déjà trop humide, et inutilisable, L’homme sort le sien et Nainventive se mouche bruyamment.

"Mais Jean était aussi très courageux(snif), un jour il a voulu aller attaquer un djinn. On en avait trouvé un tout jeune et tout seul dans la forêt. Jean et moi nous étions partis dans la forêt pour ramasser des châtaignes, (snif) pas Marine elle était trop petite. Et au milieu du bois on a entendu un bruit, et il était là caché derrière un arbre, comme j’avais eu peur Jean a dit qu’il me protégerait, il lui lança un caillou mais il n’avait pas sa fronde, alors(snif) il ne lui fit pas très mal, mais le djinn n’était pas très content, il lui renvoya une attaque et Jean saignait. Puis un sifflement se fit entendre, une flèche se planta (snif) dans le front du djinn qui après un cri, il a disparu en fumée, à la place je trouvais un flacon rouge. Jean qui se retenait de gémir me dit en serrant les dents, vas-y Nainv’ ramasse-le, mais ne te fais pas voir…(snif)

Alors comme lorsque l’on joue à (snif) a cache-cache, je pars en me cachant j’attrape la bouteille pour la ramener à Jean, il l’ouvre (snif) et me sourit ne t’inquiète pas, il m’a expliqué que c’est du h-pot et qu’on a eu de la chance. Il boit le (snif) contenu et semble soudain aller mieux, viens Nainv’ ne restons pas là !

Plus loin on a vu l’archer qui s’est approché (snif) et cri : Saleté de Djinn pas même un drop j’aurai pourtant juré….

Nous rentrons à la maison, sans rien dire."

Aoki a maintenant fait asseoir l'enfant par terre, il continue de manger offrant différents mets à Nainventive qui refuse d'un signe de la tête.

Invité

"Parle-moi de ta maman….

- Elle travaille (snif) à la maison, papa dit que 3 monstres à élever c’est déjà beaucoup. Mais on ne ressemble pas à des djinns pourtant ? (snif)

Une fois avec Marine et Nyave on a été joué dans la chambre de maman, on s’habillait avec ses robes elle en avait de très jolies qu’elle ne mettait jamais. Et quand elle nous a trouvé, elle n’a rien dit, elle a même joué avec nous, elle nous a coiffé comme si elle en avait l’habitude. Quand elle a finit, elle nous a embrassé en nous disant : Vous êtes très belles mes chéries, et puis on a tout rangé. Mais j’ai bien vu qu’elle avait les yeux rouges.

Elle coud, elle sait faire de très bon gâteau, et puis elle a plein de médicaments lorsqu’on est malade. Elle sent bon, elle sourit tout le temps sauf quand papa a ses réunions dans la grange le soir avec d’autres messieurs. Elle dit que ce n’est pas prudent. "

Levant la tête la fillette regarde l’homme et demande :

"Pourquoi c’est pas prudent de voir ses amis ? Ils faisaient des bêtises ?"

L’homme passe sa main dans les cheveux de Nainventive, tu comprendras un jour murmure t’il à mi-voix. Mais Nainventive n’y prend pas garde, elle est encore perdue dans ses pensées….

"Une fois avec Jean, on a été dans la grange il (snif) il voulait me montrer la porté de Ticat notre chatte, il a dit qu’elle avait 3 chatons (snif) adorables et comme il ne la retrouvait pas on a commencé à fouiller un peu dans les bottes de paille, et là c’est bizarre (snif)on a trouvé des arcs et des épées, y’avait des flèches aussi, Jean quand il a vu ça il n’a rien dit, il a remis la paille comme il a pu. Et il m’a dit qu’il ne fallait pas en parler…. "

Dans son épanchement, Nainventive réalise qu'elle a faillit à sa promesse.
Un silence s’installe et Aoki veut la rassurer :

"Si, maintenant tu peux en parler si tu le l’as jamais fait avant alors c’est très bien.

- Papa, il était fort mais les ouvriers qui travaillent là riaient en le voyant faire. Papa disait qu’il était un mauvais paysans…
Il était très gentil, mais il pouvait se mettre très en colère aussi (snif) un jour il a renvoyé un ouvrier qui avait bu trop de Raku-Raku, et qui avait voulu en faire boire à Jean… Je ne sais plus ce qu’il lui a dit… Mais ce n’est pas bien de boire de l’alcool. L’homme avait voulu se battre avec papa, mais il ne savait pas ce qu’il faisait. Papa avait fait très peur à tout le monde. Mais après tous les ouvriers sont retournés travailler."

Un silence s’installe, Aoki présente une outre d’eau à l’enfant qui l’accepte enfin. Elle boit avec avidité comme pour compenser toute l’eau quelle a versé dans ses larmes. Nainventive reprend sa respiration et poursuit le court de ses souvenirs.

"- Mais il m’a aidé quand j’ai voulu soigner la licorne.

- Quelle licorne ? "

Aoki le sait très bien, et il sait aussi qu'en quelque sorte cette licorne a sauvé la vie de Nainventive, mais il préfère laisser l’enfant parler.

"Elle (snif) je l’ai appelé Emeline, elle est arrivée blessée à une patte, elle boitait et personne ne pouvait l’approcher sauf papa qui a pu l’attraper. Les autres ont dit qu’il aurait mieux fait de rester dans le dressage que de s’improviser paysans (snif).
Pourquoi ont-ils dit cela ?"

L’homme la regarde pensivement elle a tant de questions sensées et fondées, inutile d’y répondre si vite.

"Papa a préparé de la nourriture pour la licorne et maman m’a donné de la charpie, et il est allé cherche un baume chez Ethor notre mage, j’ai commencé à lui en mettre sur la patte, et puis je l’ai soigné, je l’ai caressé, je lui ai donné à manger et papa m’a donné plein de conseils pour m’en occuper, c’est bizarre il ne sait pas autant de choses sur nos vaches.

Et puis l’autre jour, Emeline était énervée alors j’ai attendu avant de l’approcher, je ne sais pas ce qu’elle avait et puis y a le garçon qui est arrivée et..."

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Brusquement Nainventive se tait, elle se souvient : le grand garçon qu’elle a croisé est venu lui dérober le seau plein d’avoine, il s’est enfuit avec poursuivi par Nainventive. Tard dans l’après midi il a fini par lâcher le seau, Nainventive est alors rentrée avec. Puis rebroussant chemin, elle a retrouvé sa licorne affalée une blessure sanglante et mortelle d’où s’épanche son sang, prise de panique elle court vers la ferme d’où elle devine d’étranges lueurs, une odeur qui lui monte à la gorge, et la fumée qui lui pique les yeux et la fait tousser. A l’orée de la forêt elle s’arrête interdite… La ferme brûle, la grange aussi, et l’étable aussi, au sol des corps et entre le puits et la maison une chaîne de silhouettes avec des seaux. Nainventive court et appelle :
Papa, maman… Jean Marine !!!! Elle pousse un cri perçant

Aoki se remémore aussi cet après midi, il y a quelques jours à peine, lorsqu'il a trouvé cette idée pour éloigner Nainventive, il la revoit aussi revenir essoufflée, inquiète et maintenant désemparée. Comme il la voit se précipiter vers les lieux du drame, il la rattrape. Inutile qu’elle voit cela. Elle le griffe, elle veut le mordre, elle se débat, mais il a une poigne de fer ! Et tient bon. Puis d’une prise spéciale dans le cou de l'enfant, il l'immobilise. Le corps de Nainventive devient inerte et Ethor arrive pour pendre l’enfant.

Je l’amène chez moi, merci de votre aide.

Aoki incline la tête pour manifester on accord il émet un sifflement pour appeler le jeune garçon qui a bien suivi ses consignes ; il a suffisamment éloigné Nainventive pour qu’elle échappe au massacre, il arrive :
Vous aviez raison maître, la licorne est morte.

Aoki se retient d’ébouriffer les cheveux de l’adolescent.
Tu as bien travaillé, cette jeune personne l’ignore mais elle te doit la vie sauve ce soir. Au même titre que sa propre mère lui a donné la vie ! Je suis désolé de ne pas pouvoir faire plus. Mais ils étaient bien renseignés, c’est un miracle qu’ils ne l’aient pas cherché plus à moins qu’ils se soient trompés…
- Oui maître je crois qu’ils ont tué la fille d’une domestique.

Aoki avait peur que Nainventive si impulsive ne garde rancune au jeune homme de son forfait, il ne pouvait lui expliquer que Connor avait fait ça sur ordre pour protéger sa vie. Il comptait sur les nombreuses qualités de l’adolescent pour se montrer sous un meilleur jour. Comme tous deux allaient désormais vivre ensemble, travailler… Ils auraient besoin de bien s’entendre et de se soutenir l’apprentissage de guerrier (archer pour lui) et de mage (pour Nainventive) serait bien assez rude comme cela !

Il reste à convaincre ce grincheux !

A son arrivé au village il est allé trouver Ethor le mage guérisseur. Pour lui parler de Nainventive.
Je veux l’emmener avec moi pour éduquer et développer ses dons de mage.

- Non elle doit rester dans sa famille. Moi-même ici je m’occuperai de son apprentissage, elle possède des dons il n’y a aucun doute, mais inutile de la brusquer.

- Je suis sûre qu’elle s’évanouit souvent après les avoir utilisés, elle court un grand danger. Avez-vous mis ses parents au courant des ses.. « dispositions » ?
Aoki élève la voix, et devant le silence lourd de sens d'Ethor, il s'emporte.
Mais vous êtes inconscient ma parole !
Et devant l’air déterminé d’Ethor, Aoki avait battu en retraite.

Mais la veille des obsèques il était revenu de voir, Nainventive dormait chez le vieux mage en attendant qu’une décision soit prise à son sujet.

Nainventive avait le sommeil agité, peuplé de cauchemars, une porte s’était ouverte et elle se réveilla, pieds nus, en chemise de nuit elle s’approcha de la porte qu’elle ouvrit avec le plus de discrétion possible. L’homme était là il venait discuter avec Ethor.

Non que je me réjouisse de cet état de fait vous devez admettre que sa famille ne peut plus s’opposer à son départ.
- J’envisage de l’élever comme ma propre fille, répond faiblement Ethor.
- Et moi je préfère qu’elle retrouve un certain anonymat et qu’elle soit à l’abri ! Si je l’emmène loin personne ne retrouvera sa trace, imaginez qu’ils apprennent qu’elle a survécut au massacre.

Ethor baisse la tête confus et attristé, vous avez raison, mais croyez-vous qu’elle acceptera de vous suivre ?

- De toute façon elle n’aura pas le choix

- En fait des familles se sont proposées pour la recueillir.

- Remerciez-les et dites que vous avez pris une décision.

Aoki parlait d’un ton sûr de lui habitué à se faire obéir, sans hausser le ton, mais ferme.

- Je dois avertir le roi.

- Je n’ai aucune objection à ce sujet mais faites attention, que le moins de personne possible soient au courant.

Ethor ressent un profond attachement pour la fillette
- Vous me donnerez de ses nouvelles ?

- Est-ce utile pour sa propre sécurité ?

- Quand reviendra t’elle ?

- Quand elle sera prête !

- Allez-vous lui raconter tout cela ?

- Non je vais tout faire pour qu’elle puisse comprendre et venger la mort de ses parents, mais je ne l’élèverai pas dans un climat de violence et de haine, et elle ne saurait rien de son peuple.

Mais quand elle reviendra ne risque t’elle pas de se tromper de royaume ?
- Bon sang ne saurait mentir.
Ethor restait perplexe. Aoki avait bien senti la présence de la petite souris cachée derrière la porte, mais il ne s‘inquiétait pas trop, ses propos étaient suffisamment sibyllins pour qu’elle ne comprenne pas tout et avec le choc émotionnel et la fatigue elle n’en garderait pas de souvenirs précis.

Invité

Sortant de ses propres souvenirs, Aoki fit se lever Nainventive et reprit l’attitude plus sévère qu’il convient à un maître face à son apprentie !

"Nainventive, écoute-moi bien, personne n’aurait pu empêcher ce qui s’est passé, ni toi, ni moi, ni personne. Saches une chose, je ne te demande pas de les oublier, mais ne regarde pas en arrière regarde devant toi.

Tu vois ces montagnes la-bas ? Fit-il en pointant ses doigts vers l’Est. Il y a des écureuils, des cerfs, de très jolies fleurs, il y a aussi ma maison, et elle va devenir la tienne."

Nainventive ouvrit les yeux en signe d’étonnement.

"Oui, Nainventive je suis un mage, je possède aussi des sorts de sorcier. "

Devant l'air perplexe de la fillette, il déroula un parchemin et lu la formule dessus tout en étendant sa main droite et Nainventive vit se former dedans comme une boule de feu qu’Aoki lança le plus loin possible sur un buisson qui s’embrasa. La vue du feu fit venir de nouvelles larmes sur les joues de Nainventive.

"Allons écoute-moi bien, toi aussi tu possèdes ces pouvoir, Ethor m’a raconté comment tu as sauvé Nyave, et c’est pour ça que tu trouvais si facilement Jean et Marine lorsque vous jouiez à cache-cache, tu as des dons de shaman qui te permettent de détecter la présence de personnes plus ou moins proches de toi mais que tes yeux ne voient pas.

Mais tu ne sais pas bien t’en servir si tu viens avec moi je pourrais d’apprendre tout ça et bien d’autre choses encore."

Aoki se releva à son tour, il posa ses deux mains à plat sur les épaules de Nainventive et la regarda droit dans les yeux.

"Nainventive, tu n’es pas encore une femme et cela viendra, mais tu n’es plus une enfant. Et je suis le seul qui puisse t’aider. Veux-tu venir avec moi ?"

Nainventive se mordait les lèvres pour ne pas crier, elle serrait les poings et froissait sa robe noire, elle ferma les yeux pour s’empêcher de pleurer, prit une grande inspiration et dans un souffle dit :

"Oui, je viens.

- Sage décision !
Connor, nous partons !"

L’adolescent qui se trouvait encore dans le cimetière paru, Nainventive les regarda tout deux alternativement, puis d’un air résigné se mit à les suivre tandis qu'ils partaient vers l’Est.