Même le plus noir nuage a toujours sa frange d'or.

Irvine entendit le léger hénissement de la licorne. Sans doute voulait elle prevenir son maitre de sa venue. Mais Irvine sentit comme une pointe de detresse dans cet henissement. Mais vu que c'etait la premiere fois qu'il en voyait une de pres il ne pouvait pas juger.

Son maitre repugnait à apprivoiser les animaux. Il preferait leur rendre leur liberté. C'etait mieux ainsi. Irvine avait toujours reproché cette position si extremiste mais il ne pouvait etre que d'accord devant la cruauté que pouvaient faire preuve les hommes vis à vis de leurs compagnons de voyage quelqu'ils soient. Ces betes mal traitées avaient besoin d'amour et de reconfort mais pas de rester avec ces maîtres brutaux.

En revanche si cette licorne prevenait son maitre alors elle devait l'aimer beaucoup. Irvine fut soulagé de pourvoir aider une telle personne.

Continuant à avancer, Irvine ne pouvait se detacher du regard intrigué de La licorne. Il decida alors de s'arreter à 50 metres de la monture.

D'une voix claire et forte malgré le vent fort qui se levait brusquement il se presenta:

Je m'excuse de vous importuner voyageur, je me presente je m'appelle Irvine Kinneas, archer Mizu et je me demandais si vous n'aviez pas besoin d'aide. En effet je discerne de legeres traces de sang dans vos pas.
Puis je vous aider?

Irvine attendit dans le vent glacé une réponse. Il serra un peu plus son manteau et regarda encore la monture.

En entendant ces paroles Nainventive se sentie soulagée et en même temps son cœur battit plus fort, elle pensait justement à lui…

Elle se leva avec difficultés, n’acceptant pas de rester dans une position si humiliante…

Irvine c’est moi, Nainventive….

Elle rougit aussitôt d’avoir parlé avec tant de familiarité… : « C’est moi Nainventive », il l’avait peut être déjà oublié, pourquoi devrait-il se rappeler toutes les personnes rencontrées dans une taverne ?
Mais le soulagement avit pris le pas sur la bien-séance.

Ah…

La douleur lui arracha un cri…. Elle n’était décidément pas sérieuse, mais la « vision » même éloigné d’un « ami » lui avait rendu quelques forces.

Quoi qu’il en soit son arrivé ici, était une bénédiction elle était incapable de se déplacer seule. Thief, tu serais furieux si tu étais là, que je prenne si peu soin de moi….

Whinney se releva aussi et instinctivement elle sentie l’apaisement de Nainventive et demeura calme.

Les cheveux de Nainventive volaient dans le vent.

Le lendemain, Nainventive se réveilla. Elle se sentait encore un peu fiévreuse, portant les mains à son visage pour se frotter les yeux encore alourdis de sommeil, elle découvrit les bandages à ses mains, certaine de ne pas le avoir fait elle même. Ce geste naturel lui arracha un cri, son épaule était toujours très douloureuse. Elle jeta un regard étonnée autour d’elle et découvrit Irvine Kinneas à coté d’elle. Elle en fut surprise et des images surgirent de sa mémoire. Oui, Whinney l’avait prévenu que quelqu’un arrivait, de loin il avait annoncé son nom et ses couleurs. Nainventive le reconnaissant l’avait appelé et après…. Après plus rien ou… Si , c’est lui qui avait du la soigner. Et en un éclaire elle réalisa que Thief n’était pas venu, elle ne l’avait pas rêvé non plus…

Nainventive ne savait pas mentir et dissimulait très mal ses émotions. C’est donc une visage triste et douloureux de cette fausse joie qui apparu tout d’abord au jeune homme. Elle se mordit les lèvres jusqu’au sang.

Mais aussitôt, montra le visage et un sourire d’une réelle gratitude et même de joie.

Bonjour Irvine Kinneas, je suis dans un bel état j’aurai mieux fait d’accepter votre offre à la taverne de la licorne blanche.

Entre mon épaule et ma main… Je n’étais plus en état de chevaucher sur le dos de Whinney.

Elle se tut un instant et reprit :

Savez vous qu’hier soir (si c’est bien hier), juste avant que vous ne veniez j’ai regretté d’avoir refusé votre offre d’escorte ?

Elle ne le regardait plus et mais l’index de sa main droite qui dessinait quelques motifs imaginaires sur le sol et sur sa robe, suivant les plis du tissu.

Je crois cependant qu’être seul était nécessaire pour comprendre et réaliser certaines choses.

Elle releva la tête et fixant l’horizon ajouta :

Je ne suis pas sûre que mon devoir soit de rechercher mon mari désormais.

Nainventive parlait plus pour elle même que pour Irvine Kinneas qui devait trouver bien énigmatique toutes ces pensées.

Elle resta songeuse pensant à l’épée qui reposait désormais au fond le l’eau.

Irvine regarda Nainventive dans les yeux et fut troublé de voir comment la douleur et la tristesse pouvait laisser place si rapidement à la joie. Cela le fit sourire puisqu’en écho à cette pensée lui revenait en souvenir une réprimande de son maître sur son affreuse habitude de vouloir tromper son monde en cachant ses sentiments. Il lui disait toujours que cacher ses émotions ne pouvaient que nuire à son auteur. Comment faire alors la différence entre un sentiment véritable et une dissimulation, aussi bien pour soi que vis à vis des autres. L’homme ne se donne pas un rôle à vivre mais il doit suivre la voie de la nature comme le font les animaux, les arbres. Leurs sentiments peuvent se lire facilement donc nous pouvons réagir en conséquence. Pleurer n’est pas une humiliation mais l’expression d’une douleur si grande qu’elle ne peut forcer que le respect.
L’homme devrait accepter cette état de fait, disait-il.

Voyant que Nainventive s’était tu depuis peu, Irvine rougit de sa maladresse. [/i]

Bonjour Nainventive. Je vois qu’il y avait pas que vos mains qui vous faisaient souffrir. J’espère que vous ne serez pas très sévère sur la qualité de mes bandages. Je ne suis pas un spécialiste dans ce domaine. Je n’ai que quelques connaissances transmise par mon maître.

Vous savez, ce sont mes souvenirs qui m’ont guidé vers vous. Je n’étais pas maître de la marche m’amenant vers les bords du lac ou j’ai trouvé des traces de sang.

J’ai l’impression que nous sommes deux à avoir des problèmes, mais nous sommes sûres que la vie continue quelque soit les épreuves qu’elle nous réserve .

J’ai l’impression aussi que le fait d’être seul pour méditer vous a ouvert d’autres horizons et donner les réponses qui vont avec. Je n’ai jamais connu votre mari mais ce devait être quelqu’un d’admirable si vous avez décidez de l’épouser.

Voyant qu’il parlait d’un sujet encore douloureux pour son amie, il préféra changer de sujet. C’était sans doute encore trop tôt pour en parler.

Voulez vous que je m’occupe de votre épaule vu que je me suis déjà occupé de vos mains meurtries ?

Un rire cristalin sorti de la bouche de Nainventive, elle regarda les bandages :

Il n’y a rien à redire. Avec une main j’ai eu un peu de mal à me soigner…. Merci beaucoup.

Pour mon épaule, ce sera plus compliqué… J’ai fait un faux mouvement, enfin un muscle doit être froissé ou déchiré le mieux serait d’immobiliser temporairement le bras. Mais je ne pourrait pas le faire seule ! Comme on dit les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés.

Nainventive hésitait à expliquer à Irvine comment elle s’était blessé ; elle appréciait sa discrétion. Elle avait aussi besoin de se confier et elle avait le sentiment qu’il était digne de cette confiance. Lui même ne s’était il pas livré à la taverne ? Il l’avait aussi encouragé lors de la rencontre avec les Tsuhi. Au passage l’attitude amicale de Yukikaze Yukishiro ne cessait de l’étonner.

Mais une chose après l’autre.

Dans la selle de Whinney il y a mon sac de remède et des bandes. Il faudrait commencer par un bandage bien seré pour mon épaule. Et puis allumer un feu, une tisane d’écorce de saule me paraît nécessaire, je sens que j’ai de la fièvre, ensuite…. Vous avez des projets depuis avant-hier ?

S’il lui posait la question en retour elle serait bien en peine de lui répondre.

Irvine réfléchit longuement. Des projets, ils n’en avaient plus ou plutôt il ne savait plus ce qu’il devait faire maintenant. Une chose était sur, il devait revenir chez lui pour se recueillir sur la tombe de son maître. Ce n’était pas un adieu qu’il voulait lui transmettre mais la promesse d’essayer de vivre en mettant en application tous les conseils qu’il avait reçut durant ces années passées à ses cotés. Son maître n’aurait pas voulu que son apprenti fasse les même erreurs que lui. Maître Kamatsu avait choisi de s’isoler mais il n’aurait pas voulu qu’Irvine l’imite.

Irvine espérait de tout son cœur que son maître soit fier de lui dans le futur car il ne doutait pas qu’il puisse l’observer depuis les étoiles.

Non, je n’ai pas de projet de prévu à part celui de vous soigner en temps et en heure.

Irvine se leva et se dirigea vers la licorne. Il flatta l’encolure de Whinney, il connaissait son nom maintenant. Il prit le sac dont parlait Nainventive et il alla s’asseoir à coté d’elle. Irvine, voyant qu’il n’avait plus dans son sac de bois sec pour faire un feu, décida de fouiller les abords du chemin pour en trouver. Irvine revint au bout de quelque temps avec un fagot assez encombrant sur l’épaule. Il le posa par terre et commença à classer les branches récupérées, les humides d’un coté et les sèches de l’autre. Il prit ensuite ces dernières et en fit une pyramide avec à sa base un cercle de pierre, cercle qui permettrait au feu de ne pas se propager dans la plaine. Au centre de cette édifice instable, il mit un peu d’herbes sèches qu’il sortit de son paquetage. Irvine enflamma le tout avec un briquet en silex. Une douce chaleur se propagea rapidement autour d’eux. Irvine disposa le bois humide autour du feu pour qu’il sèche le plus rapidement possible.

Irvine rejoignit Nainventive pour s’occuper de son épaule, le temps que le feu fasse de la braises permettant ainsi de faire chauffer de l’eau. Irvine vérifia qu’il avait assez d’eau dans sa gourde. Oui ça devrait être suffisant ,se dit-il.

Si vous voulez j’ai sur moi un baume qui calme la douleur, il est fait à base de Griffe du diable et de Reine-Des-Près. Ce sont deux plantes connues pour leurs bienfaits anti-douleur. Je pourrais vous l’appliquer sur l’épaule puis après l’immobiliser avec des bandes.
Qu’en pensez vous ?

Nainventive sourit au premier projet de Irvine…

Je vous suis reconnaissante..

Elle sentait malgré tout une certaine tristesse chez lui, ou détresse, le vide laissé par son maître serait long à combler.

Elle le vit préparer son feu, dans les règles de l’art, elle n’aurait pas fait mieux. Il était habitué à la vie errante dans la nature.

La seconde proposition du jeune homme éveilla sa curiosité.

Griffe du diable ? Je ne connais pas qu’est ce donc ? Mon maître m’a pourtant apprit à reconnaître et utiliser de nombreuses herbes médicinales. Un baume… pourquoi pas, vous êtes bien savant pour un archer !

Nainventive était un peu gênée… Mais il fallait bien qu’elle se fasse soigner. Ce sera comme avec Aoki. Elle se retourna et dégrapha le haut de sa robe, elle baissa maladroitement l’encolure, présentant ainsi on épaule à Irvine. De la main gauche toujours elle ramassa ses cheveux qui allait le gêner.

La griffe du diable cela pousse où ?

Irvine comprit la gène de la jeune femme et se mit travail rapidement. Il mit un peu de crème sur l’épaule de Nainventive et commença à masser cette épaule douloureuse. Irvine fit le plus vite possible pour ne pas augmenter le malaise qu’éprouvait son amie. Voyant le baume disparaître rapidement sous sa main, Irvine fut soulagé alors. Au bout de quelques temps, la crème fut totalement absorbée par la peau.

Voila, cela devrait vous soulager pour le reste de la journée.

Irvine se retourna le temps que Nainventive se rhabille.

Je vois que la Griffe du diable vous intrigue. Je dois dire que c’est une plante très rare qui ne pousse que sous certaines conditions. J’en cueille souvent là où habit… ait mon maître. C’est un endroit reculé, à l’écart de toute route commerciale.

Il faut à peu près une semaine à pied pour trouver le chemin qui aboutit sur la clairière où j’habite. La Griffe du diable pousse là bas en petite quantité. En effet elle a besoin de beaucoup de soleil mais aussi d’eau de source pour s’épanouir. Et sa pollinisation est difficile. Quelquefois je suis obligé de le faire moi-même mais heureusement les insectes le font aussi bien que moi.

Quand vous vous sentirez mieux vous pourriez m’accompagner, je dois y aller pour récupérer certaines affaires. Vous verrez, c’est un endroit calme où, selon mon maître, dans l’ancien temps, de puissants magiciens venaient s’y reposer. Mon maître me disait souvent que la relation entre la magie et son auteur était fragile et pouvait se casser comme une branche face au vent. Peut être est cela que vous vivez en ce moment . Selon lui, la magie était plus forte dans cette clairière mais cela fait longtemps que je n’ai pas vu de magicien là-bas.

De plus vous pourrez lire les traités que mon maître a écrit sur l’herboristerie et les bienfaits des plantes. Vous y découvrirez peut être des recettes intéressantes.

Mon maître a toujours voulu que j’apprenne ce qu’il savait. Il me disait toujours que cela pourrait m’être utile dans l’avenir. Il disait aussi qu’il y n’avait pas que la magie pour soigner, ce n’était qu’un outil mais pas le seul mis à disposition des êtres humains. Je n’ai jamais oublié ses paroles.

Irvine se tut brusquement. Il attendit une réaction de la part de son amie.

Nainventive se rajusta rapidement, elle sentait déjà un effet bénéfique sur son épaule.

Vous pouvez vous retourner. Merci.

Je vois que nous avons beaucoup de chose en commun. Une certaine connaissance des plantes, des maîtres sages et retirés du monde. Enfin Aoki était encore en vie cet été lorsque je suis allée le voir. Elle se tut ne voulant pas ravivée plus la souffrance du jeune homme.

Puis je ? Elle lui désigna le pot du baume qu’il venait de lui appliquer.

Mais en même temps elle réfléchissait à sa proposition.

Vous savez, mes pouvoirs ont toujours évolués en fonction de sentiment qui m’animaient, peur, colère… et même amour. Depuis que Thief a disparu j’ai perdu une partie de mes pouvoirs. J’étais Shaman et je pouvais détecter la présence d’amis ou ennemis autour de moi. Depuis la m… elle hésita, disparition de Thief je ne le peux plus. Et pour les soins c’est curieux il ne me reste plus de parchemins et j’ai peur de ne plus savoir les utiliser. Pourtant la première fois, je ne savais même pas ce qu’il fallait faire j’ai soigné une petite fille gravement malade.

Aoki ne voudra pas que je revienne le voir avant quelque mois encore.

Elle dirigea ses yeux vers l’est et ses montagnes. Mais que faire, je me sens perdu et inutile.

En plus je crois que je ne dois plus partir chercher Thief, mais ce n’est pas parce que je le crois mort… C’est autre chose.

Un silence demeura, mais Nainventive sentait quelle devait tout lui dire. Elle lui résuma donc toue sa réflexion et le sacrifice de son épée (l’épée d’Ounagi pour être précise).

Voilà donc la raison de ces entailles dans la main et pour mon épaule et bien, je ne suis pas vraiment taillée pour la carrière de chevalier.

Votre proposition m’intéresse. Je crois que j’ai effectivement besoin de repos et puis je dois réléchir à mon avenir… Sans Thief et ce que je pourai faire, une idée commence à germer mais il faut encore que j’y réfléchisse.

Elle posa alors son regard doux sur Irvine.

Et il est peut être bon que vous ne retourniez pas là-bas seul. Même si vous aurez besoin de vous habituer à sa disparition.

Irvine réfléchit aux paroles de Nainventive. Oui, son amie avait sans doute raison. Revenir seul chez feu son maître ne pourrait qu’amplifier ce sentiment d’abandon. Il n’avait jamais aimé être seul….
Irvine se rendit compte alors qu’en fait il ne l’était plus. Nainventive était apparu dans sa vie et le fait de s’être confié à son amie l’avait aidé à appréhender du mieux qu’il pouvait son avenir. Le fait de parler simplement de sa vie avait ôté un gros poids sur son cœur. Même s’il était encore là, chaque jour il se faisait moins présent. Son ombre menaçante se dissipait peu à peu.

Je serais heureux que vous acceptiez ma proposition. De plus vous avez besoin de temps et de tranquillité pour retrouver le contact perdu avec votre magie. Cela doit être dur de ne plus se sentir capable de soigner, heureusement vous avez des connaissances dans les plantes. Vous avez toujours la capacité de soigner même sans magie. Donc même si cela vous fait peur, rien n’est perdu pour autant. Il suffit d’un déclic et votre magie reviendra. Il faut savoir être patient.

Irvine observa Nainventive, le baume qu’il avait appliqué sur son épaule l’intriguait.

Gardez le avec vous, je vous l’offre. Je pourrais aussi vous apprendre à le fabriquer si vous voulez ?

Irvine se massa distraitement son épaule gauche tout en discutant. Il fallait qu’il s’occupe un peu de lui maintenant. Sa vieille blessure lui rappelait sa présence…

Elle voulait encore y réfléchir. Nainventive était du genre prudente mais pourtant elle savait déjà qu’elle avait accepté.

« Je serais heureux que vous acceptiez ma proposition. », les mots résonnaient dans sa tête et le cœur de Nainventive battit plus vite. Elle aspira un grand coup et songea à Thief… Ne pas poursuivre ses recherches ne voulait pas dire pour autant l’oublier ! Elle lui resterait fidèle. Mais elle ne devait pas non plus gâcher sa vie surtout maintenant qu’elle avait le souhait de la consacrer aux autres. Mais comment ?

La priorité était de retrouver ses pouvoirs et la proposition d’Irvine semblait sage. Il avait besoin d’aide lui aussi.

Je crois qu’il s’agit d’une bonne idée. Que ferai je sans mes pouvoirs ?

Un déclic ? Elle verrait bien.

Sa curiosité naturelle et sa soif de connaissance reprirent le dessus et elle regarda de nouveau le pot qui contenait le baume.

Merci, je serais heureuse d’apprendre à le préparer et j’ose même dire que je suis impatiente de parcourir les livres dont vous me parler. Mais sachez aussi que votre compagnie m’est agréable et même sans les livres dont vous me parler je vous aurais certainement accompagnée.

Nainventive rougie, elle porta sa main à l’oreille pour ne pincer le lobe. Elle ignorait pourquoi elle avait dis cela. Pour rassurer le jeune homme ?

Irvine fut surpris de voir Nainventive rougir. Voir cela fit rosir légèrement ses joues. Irvine inclina la tête pour éviter que cela se remarque. Il ne voulait pas mettre mal à l’aise son amie. Irvine appréciait beaucoup sa compagnie puisqu’elle avait toujours un mot réconfortant pour lui, elle voulait le soutenir dans cette épreuve qu’était la perte de Maître Kamatsu. Oui, avoir la magicienne à ses cotés pour ce douloureux retour aux sources ne pouvait que l’aider à surmonter son appréhension. Irvine releva la tête et regarda la jeune femme dans les yeux. D’une voix tremblante, dû à l’émotion, il déclara :

Oui, vous avez raison, je ne dois pas y aller seul sinon …. Je n’imagine même pas ce qui pourrait m’arriver. Vivre enfermé dans le passé est la pire chose qui puisse arriver à un être humain. Nous sommes en effet les artisans de notre avenir, nos expériences passées ne doivent pas nous arrêter mais nous aider à grandir et à avancer, à faire nos propres choix en toute conscience..

Irvine changea de sujet de conversation et d’un ton plus jovial il rajouta :

Vous en avez pour des semaines à lire les livres sur la magie et l’herboristerie. J’espère que vous êtes douée pour les études ?

Irvine voulait détendre l’atmosphère. Il espérait que Nainventive avait compris ses attentions. Sentant son estomac exprimé son mécontentement, Irvine proposa à son amie de manger un peu.

Nous pourrions mettre en commun ce que nous avons ? Au fait comment va votre main blessée ? Mes soins ont-ils été efficaces ?

Nainventive aimait le regard franc de l’archer.

Oui je suis assoiffée de connaissances, sans rester de longues journées dans une bibliothèque je peux lire des heures, mais la théorie ne suffit pas il faut la pratique et l’expérience.

Pour ma main cela ira, mais comment cette blessure est celle faite pour un serment je préfère la laisser ainsi, je m’en souviendrait plus facilement.

Tout en en parlant elle regarda sa main et l’ouvrir et la referma plusieurs fois, elle grimaça douleur restait.

Je reconnais que j’ai faim aussi, mais je n’ai que peu de vivre j’ai mangé des baies que j’avais ramassé hier, il doit m’en rester après je dois avoir du pain, et pour les légumes attention il y en a que je réserve à Whinney.

Nainventive se leva, la douleur dans son épaule était moins forte.

Vraiment votre baume est efficace. Il faudra aller faire des achats avant de partir. Enfin quand partirons nous ? Et combien de temps va durer le voyage ?

Irvine regarda la main de Nainventive et sa vue remonta vers le visage de la jeune femme. Il était heureux de voir qu’elle avait retrouvé des couleurs.

En ce qui concerne le voyage, il faut compter une semaine à pied pour attendre les contre forts des montagnes de l’ouest. Apres il faut trouver l’ancienne route qui atteint la clairière de mon maître.

Ce sera assez long car le chemin est escarpé et la route a une influence surprenante sur certaines personnes mais on verra cela sur place. Je ne veux pas t’inquiéter plus que de raison.

Il se rendit compte de ce tutoiement intempestif. Le jeune archer s’en voulut de sa maladresse et décida de se lever pour préparer l’infusion de saule. Sortant une casserole de son sac, il versa l’eau de sa gourde pour la rincer et ensuite avec le reste il remplit la casserole. Attendant que les braises se fassent, Irvine prépara le peu de nourriture qu’il lui restait dans son sac. Cela se réduisait à de la viande séchée et des légumes secs. Récupérant une grille dans son paquetage, il le posa sur les braises et installa la casserole. Attendant que l’eau bout, il la retira du feu au bon moment et commença à préparer la tisane. Laissant l’infusion s’achever, l’archer revint du coté de la magicienne.

Voila je n’ai que de la viande séchée a vous proposer. Je n’ai plus grand-chose en ce moment. Pour le voyage, il faudrait faire des provisions mais en attendant que votre blessure guérisse je pense qu’un peu de repos pourrait vous faire du bien. Quelques jours au moins…

Apres, arrivés dans la clairière nous pourrons subvenir à nos besoins facilement.

Nainventive habituée à prendre souvent des initiatives et des décisions se trouvait bien de n’avoir qu’à suivre un peu. Elle regrettait d’avoir mis fin aux recherches de son mari pour un temps. Mais si elle continuait, elle allait devenir folle. Elle ne voyait plus personne ou très rapidement le temps de trouver des informations enfin d’en chercher, mais toujours sans résultat.

Elle sentait à quel point elle était tendue depuis des semaines, oui du repos lui ferait du bien et aussi remettre un peu d’ordre dans sa tête, et sans faire de plan sur la comète envisager raisonnable l’avenir et ce projet qui se formait, il fallait l’organiser un peu.

Au tutoiement du jeune archer elle sursauta. En même temps cela ne la dérangeait pas outre mesure en même temps elle préférait ne pas l’encourager dans cette voie.

Elle le regarda s’affairer autour du feu préparant la tisane. Toujours adossée à Whinney ,un instant elle ferma les yeux et basculant la tête en arrière elle croyait se redormir. Mais en fait c’est toute cette tension nerveuse qui se relâchait. La magicienne ne savait plus que faire, ni que dire, et avait honte de son manque total d’énergie. Tant qu’elle avait un but elle était déterminée et active et là…

Comme une marionnette …

Devant l’expression étonnée du jeune homme elle repris :

Comme une marionnette, vous en avez déjà vu non ? Celle avec les fils et qui sont articulées, elles sont si pleine de vie. Mais coupez leur les fils et elle se retrouvent inanimées au sol. Là je suis pareille, incapable de rien. Pardonnez-moi !

L’eau frémissait dans la casserole, de son sac Nainventive tendit les feuilles à Irvine.

Pour les chemins escarpés ne vous en faite pas, j’ai vécue toute mon enf.. elle se repris, mon adolescence en montagne dans la demeure de mon tuteur. Je pense qu’il n’y aura pas trop de problème.

Elle se tut songeant à sa dernière visite à Aoki, quel déchirement, partir le soir de l’annonce de son mariage, laisser Thief. Les larmes montaient, elle les refoula courageusement.

Je crois que plus tôt nous partirons mieux ce sera… En même temps elle savait qu’elle n’était pas raisonnable en disant cela.

Le jeune archer en entendant les propos de Nainventive sur les marionnettes ne put qu’hocher de la tête. Il se remémora les tristes événements de son adolescence. Oui c’était vrai les fils représentaient cette âme qui lors de la mort du corps s’en va rejoindre les étoiles de ses pairs. La vie, la mort tout est lié chaque âme qui s’éloigne de la Terre crée un manque qui est comblé avec la naissance d’un être vivant quelqu’il soit. La nature, l’humanité, la terre, cela forme un tout dont le ciment n’est autre que cette essence vital. Le jeune homme en avait pris conscience lors de sa rencontre avec son maître Hokanu. Il se devait de transmettre ce savoir pour que les hommes se rendent compte de cette équilibre précaire sur lequel repose ce monde.

En revanche voir l’inactivité de son amie le troublait un peu, il voulait la voir mordre à pleines dents dans la vie, retrouver ce calme, cette assurance dont tout le monde a besoin pour exister,bref la joie de vivre.

L’archer pris les feuilles tendues par son amies et termina la tisane rapidement et se retourna vers Nainventive avec un bol encore fumant rempli de ce breuvage revigorant.

Tenez vous en avez besoin. Même si vous avez retrouvez des couleurs vous étés encore faible. Je préfère que vous vous reposiez encore cette nuit et nous partirons le lendemain en ville pour faire des provisions et si vous voulez vous installer à l’auberge quelques jours pour panser vos plaies et faire disparaître la douleur à l’épaule, je comprendrais.
De toute façon je n’entreprendrais pas ce voyage tant que je vous jugerais trop fatigué pour le commencer.

Et je serais intransigeant sur ce point , dit-il en souriant.

Nainventive hocha la tête sans rien dire. L’infusion était prête, elle la laissa refroidir un peu avant de boire le breuvage amer.

Mais elle n’aimait pas trop cette situation, elle se laissait aller et n’avait plus la force de faire quoi que ce soit. Et moins elle en faisait, moins elle avait envie d’en faire. Elle le sentait bien mais n’arrivait même pas à réagir.

Vous êtes plus sage que moi je crois bien, il est vrai que voyager dans cet état vous ralentirait.

Elle regarda le jeune homme préparer un dîner rapide. Elle se leva, Whinney fit de même et Nainventive fouilla dans les fontes de sa selle. Elle sorti des carottes et aussi du pain, quelle donna a Whinney, puis elle lui gratta les joues, le museau et autours des oreilles. La licorne hennit doucement. Et vint frotter sa tête contre le corps de la magicienne.

Son épaule lui faisait moins mal. Mais la douleur restait lancinante.

Une bonne odeur de viande grillée flatta les narine de Nainventive, elle se rapprocha du feu. Irvine accroupi devant le feu était concentré dans ses préparatifs.

Nainventive restait silencieuse, temps de chose passaient dans son esprit. Il lui fallait vraiment mettre de l’ordre dans tout cela. Elle si elle le faisait maintenant elle allait craquer.

Elle tenta une fois encore de sonder autour d’elle, mai de trouva aucune forme de présence. Une larme roula sur sa joue. Et elle soupira.. Rien, toujours rien.

Elle s’assit près du feu et tendit la main vers le breuvage… Ce goût lui rappelait son enfance, sa maman lui en préparait déjà lorsqu’elle était petite.

Il lui manquait la main apaisante de sa mère sur son front brûlant, personne n’avait fait ce geste pour elle depuis la mort de ses parents. Aoki lui même à ses yeux brillants savait lorsque la jeune fille était malade. Et les gestes de tendresse qu’il avait eu le jour des 4 enterrements étaient les seuls qu’elle eut connu de lui.

Pourquoi toujours ressasser ces tristes pensées, elle décida d’en trouver de plus joyeuses. Et c’est le visage de Thief qui lui apparu.

Elle ne s’abîma pas trop longtemps dans ce souvenir. Il fallait se ressaisir.

Bonne nouvelle ! J’ai faim !

Mais le coins de ses lèvres tremblait

Irvine termina rapidement de préparer le repas. Retournant chercher son sac de voyage il en sortit deux assiettes métalliques légèrement dorées et un sachet contenant des épices. La viande grillait et avant de la sortir du feu l’archer la saupoudra de paprika lui donnant ainsi une légère couleur rouge Le jeune homme attendit quelques secondes le temps que le paprika libère ses saveurs. Jugeant la cuisson satisfaisante, il était temps alors de servir. Irvine garnit une des assiettes avec de généreuses parts de viande et de légumes tandis que l’autre contenait une portion nettement moins importante. Tendant l’assiette la mieux garnies à son amie :

J’ai l’impression que vous n’avez pas trop faim pourtant vous devez reprendre des forces avant que nous reprenions la route.

Le jeune archer regarda les yeux de la jeune magicienne et n’y lu encore que tristesse et douleurs. Le jeune homme ne pouvait pas du tout imaginer ce que pouvait endurer son amie à chaque moment de sa vie mais il pouvait en voir les signes les plus visibles. Délaissant son repas, Irvine chercha dans son sac et trouva ce qu’il voulait. Il en extirpa une vielle amulette à l’aspect et à la forme peu banals. C’était plus un mélange, un assortiment de petite pierres multicolores qu’une amulette classique. Pourtant le mélange de couleurs était plutôt harmonieux et une grande sérénité se dégageait de ce talisman. Tout ceux qui l’observaient étaient incapable de dire si elle avait été fabriqué par des mains d’artisan ou par la nature elle même. Le jeune homme tendit ce trésor à la jeune femme :

C’est une amulette que portait toujours mon maître quand il allait méditer dans la grotte dont l’ouverture était dissimulée par la cascade. Il aimait la porter et à chaque fois qu’il revenait me voir tard le soir je le trouvais plus calme moins tourmenté. Je ne sais pas du tout ce que cela lui procurait car je n’ai pas de lien intime avec la magie. Mais je crois qu’elle vous serait plus utile. J’aimerais que vous acceptiez ce présent et que vous le portiez autour du cou. Je ne sais pas mais je crois que c’est un événement qui va bouleverser votre vie. Du moins c’est ce que me souffle cette petite voix au fond de moi. S’il vous plaît prenez la, ca me ferait plaisir.

Nainventive ouvrit des yeux immenses face à la grosse portion que lui servait l’archer. Elle ne dit rien et ne fit aucun commentaire sur la prescription du jeune homme. Il avait raison, elle se demanda cependant s’il en avait assez pour lui-même.

Malgré ses dernières paroles elle n’avait pas faim, mais il lui faudrait bien faire un effort.

Elle commença à manger du bout des lèvres, et Irvine paraissait satisfait. Elle le suivit des yeux lorsqu’il se leva. Intriguée elle ne disait mot se demandait ce qu’il rapportait, mais sa curiosité fut rapidement satisfaite.

Une amulette, elle n’en avait jamais vu de semblable. Posant l’assiette sur les genoux, elle tendit la main pour l ‘effleurer.

Un souvenir de son maître et il le lui offrait, la magicienne sentie une boule au creux de l’estomac et incapable d’ajouter quoi que se soit, elle lui pris l’amulette des mains et silencieusement la mis autour de son cou. Immédiatement elle ressentie une grande sensation de chaleur qui l’entourait. La fatigue et la douloureux ne disparaissaient pas pour autant, mais cette amulette possédait effectivement des pouvoir, une sorte de réceptacle.

Instinctivement elle referma sa main droite autour ferma les yeux et pu mettre la paix dans ses pensées.

Lorsqu’elle rouvrit les yeux un souris se forma sans effort sur ses lèvres. Combien de temps était-elle resté ainsi ? Une minute une heure ? L’assiette encore chaude la rassura. Elle lâcha l’amulette et ne pu dire que « Merci » à Irivne, les mots ne suffisaient pas encore pour exprimer ce qu’elle venait de ressentir.

Elle fut tentée de lancer un sort de détection autour d’elle mais jugea préférable de manger. Ce quelle fit aussitôt de meilleur appétit.

Plusieurs fois elle voulue parler, mais ne sait pas par ou commencer. Et elle était plus en mesure d’apprécier la viande et les légumes. Derrière elle Whinney croquait bruyamment son repas aussi, et manifestait son contentement par de petits hennissements.

Lorsqu’elle eu fini son assiette Nainventive se sentait bien mieux.

Merci, dit-elle encore, Elle fit plusieurs mouvement de l’épaule et constata avec satisfaction que celle-ci allait mieux.

Pardon, j’ai été bien silencieuse, même Whinney a plus de conversation que moi.

Elle repris l’amulette dans la main tout en la laissant pendue autour de son cou.

Je suis étonnée que vous n’ayez laissé enterré votre maître avec cette amulette. Je peux vous certifier qu’elle possède certains pouvoir, mais je ne saurais vous dire lesquels.